La peur de l’abandon

 

« Se cacher est un plaisir, mais ne pas être trouvé est une catastrophe »

- Donald W. Winnicott

 

Jusqu’à tout récemment, le manuel de référence utilisé en psychologie – c’est-à-dire le DSM – , réservait aux enfants l’apparition de l’anxiété de séparation. Maintenant, il est convenable de dire qu’une telle difficulté puisse émerger tout au long de la vie, bien qu’une majorité de ceux qui présentent un tel trouble clinique demeure les enfants. Chez toute personne en souffrant,  la détresse est liée à la peur d’être séparé d’un proche auquel l’on est attaché, soit généralement le parent, l’enfant ou le partenaire amoureux. De fortes inquiétudes teintent les pensées des personnes aux prises avec une telle anxiété, ce qui peut par exemple les amener à croire qu’une catastrophe puisse arriver à l’autre ou à soi-même lorsqu’ils sont séparés. En tentant de calmer ce type de pensées, l’individu peut avoir recours à certains comportements comme le refus de sortir seul ou encore d’aller au lit sans autrui. La détresse qu’entraîne ce cercle vicieux peut se révéler par des sentiments de honte, d’embarras, de colère ou de désespoir. Ces expériences émotionnelles désagréables sont vécues alors que l’individu se sent réellement incapable d’être apaisé en l’absence de l’autre.

La peur d’abandon quant à elle, est moins liée à la crainte qu’un événement extraordinaire puisse mener à la séparation qu’à l’appréhension que l’autre nous délaisse à tout moment. La rupture de contact anticipée est généralement vécue dans une grande anxiété et par un sentiment d’impuissance intolérable. Malheureusement, la pensée rationnelle ne suffit pas pour calmer ces inquiétudes puisqu’elles sont en fait la réactivation d’une blessure psychique vécue dans le passé (très souvent dans l’enfance) dans laquelle la vitalité du lien avec la figure d’attachement était menacée. Cette réactivation entraîne dans le moment présent des émotions si vives et douloureuses qui peuvent paraître insurmontables en raison à la fois de l’intensité initiale ayant mené à la blessure et du véritable souvenir d’avoir été laissé seul lors de celle-ci. Par ailleurs, la crainte d’être abandonné est parfois si centrale dans l’expérience de l’individu que d’autres aspects fondamentaux de sa personne comme l’estime de soi ou l’identité s’y trouvent influencés. Ainsi, il est facile d’imaginer comment la perception d’être rejeté par quelqu’un peut marquer le sentiment de valeur d’un individu pour qui la blessure non cicatrisée se retrouve à nouveau exposée. 

Différentes tendances s’observent chez ceux qui vivent de telles angoisses. Pour certains, la peur d’être délaissé par l’autre agit comme frein dans le développement de nouvelles relations intimes, ce qui peut résulter en un sentiment d’isolement ou celui d’être indigne d’amour. Pour d’autres, cette peur peut agir comme un moteur servant à maintenir une relation, « coûte que coûte ». C’est ainsi que pour éviter à tout prix une rupture ces personnes développent parfois une compulsion à plaire dans laquelle leurs propres besoins ou limites relationnelles sont constamment écartés afin de satisfaire l’autre. Par conséquent, une forte colère peut être ressentie.

Grâce à leur formation et à leurs expériences cliniques, les psychologues et les psychothérapeutes sont en mesure de recevoir des clients présentant de telles difficultés. En instaurant un climat d’ouverture et de non-jugement, le psychologue ou le psychothérapeute va à la rencontre du client dans toute sa subjectivité. Ensemble, la dyade thérapeute-client décortique les éléments de l’histoire ayant pu mener à une telle angoisse et tente dans l’ici et maintenant d’assouvir celle-ci en tentant de dénouer comment ces mêmes éléments historiques continuent de s’inviter dans le présent.

Texte écrit par Cindy Côté, doctorante en psychologie.

Liste des professionnels traitant cette problématique:
(16 professionels)

Psychologues
Psychothérapeutes
  • Monique Doré, M.S.S. Travailleuse sociale, Thérapeute Conjugale et Familiale/Psychothérapeute, Membre de l'Ordre des Travailleurs Sociaux et des Thérapeutes Conjugaux et Familiaux du Québec (OTSTCFQ) Permis de l'Ordre des psychologues du Québec:numéro:60007-12
  • Vera Heller, Ph.D. Thérapies expressives/ Travailleuse sociale, psychothérapeute/ Art-thérapeute/ Permis de l’Ordre des Psychologues # 60103-12